Le peintre Jérôme Bosch (vers 1450 Bois-le-Duc, 1516 Bois-le-Duc)
Jeroen ou Hieronymus Van
Aeken naît vers 1450 à 's-Hertogen-bosch (Bois-le-Duc) au sein d'une grande famille d'artistes, se consacrant principalement à la peinture de fresques et la dorure de statues. Il emprunta son surnom "Bosch" à la syllabe finale de sa ville natale 's-Hertogen-bosch, afin de se différencier des autres membres de sa famille.
Au XVIe et XVIIe siècles il est désigné en Espagne sous le nom de Geronimo Bosco ou El Bosco et en Italie il est appelé Girolamo Boschi Fiamengo ou Bosco di Balduc.
Il sera formé dans l'atelier familial, entouré par 2 oncles Johanne et Thomas et un grand-père Jan van Aken (mort en 1456), tous les trois peintres.
Il noua une relation d'amitié avec Alaert Du Hameel, architecte et graveur. Du Hameel dirigea les travaux de l'église Saint Jean de Bois-le-Duc de 1478 à 1494.
Tous deux étaient membres de la confrérie de Notre Dame. Ce sont les archives de cette association qui ont livré les seuls documents intéressant sur la vie de Bosch (A. Pinchart, 1860,
historien belge; J. Mosmans, 1947; H. J. M. Ebeling, 1948 et D. Bax, 1949).
Il fit des blasons, un projet d'une couronne de cuivre, la maquette d'une Crucifixion (1480-1481) et deux volets d'un retable que son père mort en 1478/79 avait laissé inachevés.
La source de sa vocation et sa formation picturale s'expliquent à ce niveau.
Epousant en 1480 une fille de riche aristocrate, il est accueilli comme "membre notable" par la confrérie Notre-Dame, dont il devient naturellement le peintre attitré.
Sa vie à Bois-le-Duc se déroule alors paisiblement entre sa femme, son atelier et la confrérie, ce qui n'empêchera pas sa renommée de s'étendre bien au delà des frontières de
son pays natal.
Vers 1493-1494 Bosch livra à des maîtres verriers des cartons de plusieurs vitraux pour la chapelle de sa confrérie, adossée au chœur de l'église Saint-jean.
Il réalisa aussi "l'Adoration des Mages" signée en caractères gothiques, pour cette même chapelle, qui est au musée du Prado depuis 1839.
C'est dans ses lectures et dans l'atmosphère d'hérésie et de mysticisme régnant alors, que Bosch puise une inspiration nouvelle, qui lui fait délaisser
l'iconographie traditionnelle de ses débuts, pour s'orienter vers des œuvres "sacrilèges" où le religieux se confronte au pêché et à la damnation.
Un des inspirateur probable de la peinture de Jérôme Bosch est Jan van Ruusbroec ou Ruysbroeck (1293-1381), un mystique du Braban, chapelain à
Sainte-Gudule de Bruxelles et auteur d'ouvrages religieux ("Les Noces spirituelles", "Le Tabernacle spirituel" et "
La Pierre brillante": cf Justice in the Written Works of Jan van Ruusbroec, Maître Eckhart et Jan van Ruusbroec et Jan van Ruusbroec, Mystical Theologian of the Trinity).
Jérôme Bosch fut sans nul doute pour sa ville un personnage important, un créateur inspiré et inattendu.
Parmi les quelques trente panneaux qui lui sont attribués avec certitude sept seulement portent sa signature :
- "le Char de foin" (v. 1500, Madrid, Musée du Prado)
- "Saint Jean à Pathmos" (Musée de Berlin)
- une "Tentation de Saint Antoine" (Lisbonne, Musée National)
- une "Adoration des Mages" (Madrid, Musée du Prado)
- un "Saint Christophe" (Rotterdam, Musée Boymans Van Beuningen)
- "Le Retable des Ermites" et "Le Retable de Sainte Julie" (Venise, Palais des Doges).
Ses œuvres authentiques sont rares : 25 tableaux et 8 dessins, répartisdans les plus grands musées du monde : Madrid, Lisbonne, Vienne, Paris, Londres, Berlin, Rotterdam, Washington.
L'œuvre de Jérôme Bosch était inspirée de l'art médiéval, bien qu'il soit un peintre de la Renaissance, contemporain de Léonard de Vinci.
Au XVIe siècle déjà, cette œuvre étrange a suscité un réel engouement dans le milieu aristocratique influencé par l'humanisme. Au XXe siècle, L. Maeterlinck voit en lui
"un génie créateur et observateur vraiment admirable qui sut joindre à une technique habile la magie d'une couleur transparente chaude où se rencontrent les tonalités rares les plus inattendues". Quant aux surréalistes ils ont tenté d'annexer celui qu'ils considèrent comme un précurseur de Salvador Dali et de Max Ernst. Celui en qui André Breton voit un "visionnaire intégral".
L'œuvre de Bosch a une portée exceptionnelle dans l'art de son temps par son sens du mystère ainsi que la richesse de ses inventions iconographiques
(comme l'association de figures réalistes et pittoresques à des créatures imaginaires). Peintre d'avant la renaissance plus libre et plus neuf il est le premier peintre
à résonance moderne. Les compositions de Bosch ont souvent été copiées ou imitées dans le siècle suivant.
